Le McKinsey Gate, cela vous dit quelque chose ? Emmanuel Macron connait très bien ce cabinet de conseil, au coeur d’un scandale qui ne fait aucun bruit dans les médias, à quelques jours du premier tour des élections présidentielles. Un rapport du Sénat parle d’une « nébuleuse tentaculaire » et des milliards facturés à l’Etat Français. C’est beaucoup d’argent public, vos impôts, qui ont été dépensés visiblement sans limite.
Francois Fillon, candidat LR en 2017, a été torpillé pendant des semaines pour une affaire d’emploi fictif et de costumes offerts. Emmanuel Macron, semble finalement « protégé » par ces histoires qui sortent progressivement, mais discrètement, dans les médias. Voilà pourquoi l’actuel président de la République ne souhaite pas débattre ? Préférant un débat un contre un, dans le cadre d’un second tour qu’il gagnera forcement contre un candidat extrême ?
McKinsey Gate : Pour Emmanuel Macron, un cabinet de conseil comme les autres ?
Ils ont des jolis noms américains. McKinsey, Deloitte, Price Waterhouse Coopers, KPMG, Capgemini, Ernest & Young, Accenture… On leur reproche d’avoir progressivement pris le contrôle du sommet de l’État et de profiter de leur influence pour facturer leurs conseils à des prix exorbitants. Ils, ce sont des cabinets de consulting, qui durant la pandémie ont renforcé davantage leur emprise. Ils ont facturé à l’État durant la crise des sommes astronomiques… Plus que le budget alloué à la recherche sur le vaccin !
Le recours systématique aux cabinets privés de conseil suggère qu’il existe un État dans l’État. Qu’il s’agisse de conseil, de stratégie, de management, de logistique ou d’audit, l’État dépense chaque année des millions d’euros. L’organisme Attac a publié un tweet assassin pour l’actuel président. On fait le calcul, c’est près de 1 milliard d’euros qui ont été versés à différents cabinets de conseil. Et pour quel résultat ? Cerise sur le gâteau, on apprend que certains cabinets de conseil ne paient même pas d’impôts en France. Le scandale peut aller se rhabiller, avec les costumes de Francois Fillon.
Ça fait combien de #RSA un PowerPoint à 900.000 euros ? ????#McKinseyGate #ProjetMacron #FraudeFiscale pic.twitter.com/uylg4cyfpz
— Attac France (@attac_fr) March 22, 2022
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi une telle dépendance des pouvoirs publics à l’égard du conseil privé, alors que des hauts fonctionnaires (déjà très bien payés) pourraient faire l’affaire et mener à bien des projets ?
McKinsey et la campagne d’Emmanuel Macron en 2017
Les cabinets de conseil au chevet des hommes politiques, dès leur début ? Dans un essai explosif intitulé « Les infiltrés », deux journalistes mettent à jour ce phénomène latent qui a pris de l’ampleur ces dernières années. Cette enquête menée par Mathieu Aron et Caroline Michel-Aguire qui aurait du avoir l’effet d’une bombe, mais qui est passée quasiment inaperçue !
Lors de l'audition de #McKinsey au sénat en janvier 2022, la sénatrice centriste Nathalie Goulet déclarait:
"Il y a des liens assez forts entre McKinsey et la campagne présidentielle 2017"#McKinseyGate pic.twitter.com/76c2gpGmf8
— David Dobsky (@dobsky33) March 22, 2022
Nous l’avions déjà vu ensemble dans notre article sur l’affaire Alstom. Emmanuel Macron a pu compter sur le soutien de nombreuses personnalités issues des cabinets de conseils. Parmi ses soutiens, on retrouve un certain Karim Tadjeddine, président de McKinsey France. Peut-on donc faire appel à ce cabinet de conseil ensuite pendant le quinquennat et leur verser autant d’argent public ? On pose juste la question…
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Cinq années avec McKinsey et Emmanuel Macron
Le cabinet McKinsey ne serait pas intervenu uniquement pour la gestion de la Covid19. Le quinquennat d’Emmanuel Macron pourrait etre divisé en deux grandes parties. Les gilets jaunes et la Covid. C’est bien ces deux sujets où le cabinet McKinsey serait intervenu. Sans compter la réforme sur les APL, où le gouvernement a supprimé une aide de 5 euros pour les plus précaires. Un conseil et une campagne de communication gérée par ce cabinet de conseil, qui n’a pas fait cela gratuitement… Nous verrons les chiffres plus bas dans l’article.
Durant la crise du Covid, aucune décision gouvernementale n’a été prise sans l’aval des cabinets : comment commander d’urgence les masques, la gestion du stock des masques, quels tests Covid utiliser, quelle stratégie vaccinale adopter, les plans de confinement et de déconfinement… Cette dépendance est assumée au sommet de l’État. Ainsi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal déclara : Selon lui, depuis le premier confinement en mars 2020, 54 commandes ont été passées par l’État à 7 différents cabinets, dont McKinsey.
Durant la pandémie, l’État a plus dépensé en frais de conseils qu’il n’a investi dans la recherche de vaccin
Si on prend en compte les factures de la présidence, des ministères, des entreprises publiques et des collectivités territoriales, Caroline Michel-Aguire et Mathieu Aron estiment la dépense totale en frais de conseils entre 1.5 et 3 milliards ! Dans un pays où les déficits publics explosent, cette tendance de l’État à se montrer peu regardant sur les dépenses a de quoi laisser songeur.
McKinsey, Macron, Fabius
Est-ce que des proches du cabinet de conseil Mckinsey travaillent aussi pour l’Etat ? Le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, a voté les différentes lois sur le pass sanitaire et le pass vaccinal. Il se trouve que son fils, Victor Fabius, est Directeur Associé au cabinet McKinsey France. Victor Fabius est en charge du pôle de compétences Marketing et Ventes du cabinet de conseil.

Bref, Victor Fabius travaille pour le cabinet qui conseille le gouvernement sur les mesures à appliquer pour la gestion de la pandémie. Et son père valide les lois pour gérer la pandémie au Conseil constitutionnel. Si on raccourcit à l’extreme, on pourrait penser que le père valide les idées du fils…
McKinsey Gate & Emmanuel Macron : résumons
Difficile de s’y retrouver, comme dirait le rapport du Sénat, dans cette « nébuleuse tentaculaire ». Alors voici pour résumer, selon les informations compilées des journalistes cités plus hauts, ce qu’auraient réalisé les cabinets de conseil et en particulier McKinsey en France, depuis plusieurs années :
- Karim Tadjeddine, président de McKinsey France, est un proche d’Emmanuel Macron ;
- Karim Tadjeddine, président de McKinsey France, a participé à la campagne d’Emmanuel Macron en 2017 ;
- McKinsey a facturé plus de 900 000 euros pour la réforme des retraites (avortée) ;
- McKinsey a facturé plus de 3,8 millions d’euros pour la réforme des APL ;
- McKinsey a facturé plus de 12,3 millions d’euros pour organiser la vaccination et la gestion de la pandémie en France ;
- McKinsey emploi Victor Fabius, qui est Directeur Associé du cabinet de conseil et aussi fils de Laurent Fabius, président du Conseil Constitutionnel qui a validé les lois sur la gestion de la pandémie ;
- Au total : McKinsey et tous les autres cabinets de conseil auraient facturé leurs prestations près de 2,4 milliards d’euros à l’Etat Français depuis 2018 ;
- Karim Tadjeddine, président de McKinsey France, a déclaré sous serment à la commission d’enquête du Sénat, que McKinsey payait ses impôts en France.
- Pourtant, McKinsey n’aurait pas payé d’impôt en France depuis au moins 10 ans.
En effet, sous serment, le représentant de McKinsey France Karim Tadjeddine déclarait durant la commission d’enquête du Sénat que la société de conseil payait bien ses impôts en France. « Nous payons l’impôt sur les sociétés en France. » Le 17 mars, la commission d’enquête du Sénat a annoncé saisir le procureur de la République pour « suspicion de faux témoignage » envers Karim Tadjeddine. Selon les premiers éléments, McKinsey France présentait des bilans déficitaires en France. Peut-on parler d’optimisation fiscale ? La justice devrait (peut-être) bientôt trancher. Voici la vidéo de Public Sénat, revenant sur la déclaration Karim Tadjeddine :
À quoi servent les hauts fonctionnaires ?
À tort ou à raison, les hauts fonctionnaires sont perçus comme nonchalants, peu malléables et inaptes à un management de crise. Pourtant hauts fonctionnaires et consultants de cabinets privés sortent des mêmes grandes écoles. Pourquoi l’État n’instaure-t-il pas une procédure identique au secteur privé afin de recruter et former les meilleurs éléments ? Ici se trouve une absurdité du système, toujours prompt à imposer un plafond de salaire aux hauts fonctionnaires au nom de « la modernisation des politiques publiques » et qui, dans le même, temps arrose à coups de millions d’euros les cabinets privés. Ce choix s’expliquerait par le fait que l’État doit recruter moins pour réduire sa masse salariale. Il doit également plafonner les salaires des cadres, ce qui pousse les meilleurs à aller monnayer leur talent dans le privé. En allant chercher ces derniers dans le privé, l’État finit par dépenser plus en frais de conseils qu’il économise en masse salariale ! Toutefois dans leur enquête, les auteurs des “Infiltrés” reconnaissent que dans certains secteurs stratégiques comme celui de l’informatique, les compétences manquent cruellement ce qui peut justifier le recours au privé.
Comment réduire la dépendance au privé ? Quelle politique efficiente mettre en place pour optimiser les dépenses publiques ? Telles sont les questions auxquelles il faut penser et anticiper dans le moyen et long terme. Pour ce qui est du McKinsey Gate, l’histoire ne fait visiblement que commencer, et si nous partons des débuts en politique d’Emmanuel Macron à aujourd’hui, beaucoup de zones d’ombres seront à éclaircir.
Affaire McKinsey : Le PNF ouvre une enquête préliminaire
Et les zones d’ombres pourraient être éclaircies. Le Parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire fin mars, mais les médias l’ont appris seulement maintenant. L’enquête préliminaire porte pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Une affaire qui tombe bien pour les adversaires politiques d’Emmanuel Macron, a quelques jours de l’élection présidentielle. Si le gouvernement juge « habituel » le recours aux cabinets de conseil, le Sénat avait pointé dans son rapport que McKinsey n’avait pas payé d’impôt en France, malgré un chiffre d’affaires de plus de 320 millions d’euros en moins de 10 ans. Reste à connaitre la frontière entre l’optimisation fiscale et d’autres agissements plus frauduleux.

Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.
Monsieur JOUBERT, bonsoir,
Ce qui se passe en ce moment avec cette affaire McKinsey Gate et Emmanuel MACRON est absolument épouvantable pour notre pays, la France, à l’heure du 1er tour des élections présidentielles du 10 avril 2022.
Comment les citoyens ayant voté pour ce président ont-ils pu se laisser berner pendant 5 ans, à l’heure où le prix des carburants dépasse les 2 euros du litres de façon totalement injustifiée, point lequel les gilets jaunes avaient dénoncé cette hausse dès novembre 2018 ?
Comment une candidate à l’élection présidentielle, Christiane TAUBIRA n’a pas pu rallier 500 voix de maires alors qu’un demi-million de citoyens Apolitiques du mouvement « La Primaire Populaire » l’avait plébiscitée ?
Où sont passés nos libertés, qu’est devenue notre V -ème République, si tant est que nous soyons toujours en République sous la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » ?
Merci Monsieur pour cette réponse, pourquoi Macron peut-il maintenir sa candidature malgré une affaire pareille ????
Un scandale de plus en Macronie.. il faut quoi de + aux français pour s en rendre compte ? Il vote vraiment pour Macron parce qu il est « jeune » et « beau » ??
Pardon, j’ai une faute de frape, il faut lire « …point sur lequel… »
Je vous fais part d’un détail qui m’interpelle et me fais froid dans le dos:
quand vous visionnez la vidéo sur YouTube de l’audition des représentants de la société McKinsey face au Sénat, on y voit un certain monsieur Thomas LONDON responsable du pôle Santé Publique pour McKinsey France, cela ne vous choque t-il pas !??
« me fait »
Ah c est beau la France !!!