Après des mois de combats acharnés en Ukraine, les soldats partagent sur X des témoignages poignants sur le stress post-traumatique qui les hante. Leurs mots bruts révèlent une guerre invisible, tout aussi dévastatrice que les champs de bataille.
En bref
Le poids des combats : Les soldats ukrainiens décrivent des symptômes intenses comme les cauchemars et l’anxiété, amplifiés par la violence incessante.
Témoignages sur X : Sur la plateforme, les soldats brisent le silence et comparent leur état à celui des poilus de la Première Guerre mondiale.
Blessures invisibles : Le stress post-traumatique (SPT) touche des milliers de combattants, mais reste sous-estimé.
Un mal durable : Les récits évoquent des troubles persistants, même loin du front.
Un cri d’alerte : Ces témoignages interpellent sur l’urgence d’une prise en charge psychologique.
Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, les soldats ukrainiens affrontent une guerre brutale, marquée par des bombardements incessants et des pertes humaines massives. Sur X, leurs témoignages, souvent crus et spontanés, dressent le portrait d’une lutte qui ne s’arrête pas aux tranchées. Ils parlent de nuits sans sommeil, de flashs de combats qui surgissent sans prévenir, et d’une fatigue mentale qui les ronge. Ces confessions, partagées parfois en quelques lignes, font écho aux récits historiques des soldats de 14-18, confrontés à ce qu’on appelait alors « l’obusite ». Aujourd’hui, on nomme cela le stress post-traumatique (SPT), un mal qui touche, selon certaines estimations, plus de 60 % des combattants ukrainiens. Mais que nous disent vraiment ces voix numériques sur l’ampleur de cette crise psychologique ?
Ravages du front : un esprit sous pression pour le soldat ukrainien
Les posts sur X ne laissent aucun doute : la violence des combats laisse des traces profondes. Un soldat, sous le pseudonyme @LoupBureau écrit en juin 2022 : « Paralysie, aliénation mentale, hypnose des batailles… c’est comme les poilus. »
Les bombardements, décrits comme « incessants », brisent les nerfs. Les explosions, les cris, les corps mutilés : ces images s’impriment dans leur esprit. Un autre témoigne de « cauchemars où les balles sifflent encore ». Le SPT n’est pas une faiblesse, mais une réaction humaine à l’inhumain.
Pourtant, beaucoup le vivent dans l’isolement, loin des regards.
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Une guerre qui ne s’arrête jamais
Même loin du front, le combat continue dans leur tête. Sur X, un soldat raconte : « Je suis rentré, mais pas vraiment. Chaque bruit fort me ramène là-bas. » Les symptômes décrits – crises de panique, hypervigilance, culpabilité – sont typiques du SPT.
Le Washington Post, relayé sur la plateforme en mars 2023, rapporte des entretiens avec des combattants évoquent « un sommeil haché par la peur » et « une anxiété qui colle à la peau ». Ces récits montrent une vérité brutale : pour ces soldats, la paix n’existe pas encore. Le front les suit, tapi dans leur esprit.
Stress Post-Traumatique : le tabou et la parole libérée
En Ukraine, parler de santé mentale reste difficile. Dans un pays post-soviétique, la psychologie a longtemps été associée à la répression plutôt qu’à la guérison. Mais X offre un espace où les soldats osent s’exprimer. « On ne nous apprend pas à craquer », confie l’un d’eux.
Ces messages, souvent anonymes, sont un cri d’alerte. Ils contrastent avec le silence imposé par la culture militaire. En brisant ce tabou, ils réclament une reconnaissance : leurs blessures invisibles sont aussi réelles que les éclats d’obus.
Les limites de l’aide : un système débordé
Les témoignages soulignent aussi un manque criant de soutien. Si des centres comme Lissova-Poliana, près de Kiev, accueillent des soldats pour traiter le SPT, ils ne peuvent pas tout absorber. Un post sur X déplore : « On nous soigne une semaine, puis retour au front. »
Les psychologues sont rares, les ressources limitées. Avec des millions d’Ukrainiens – soldats et civils – touchés par le traumatisme, le pays fait face à une crise sans précédent. Les soldats demandent plus qu’un pansement temporaire : ils veulent guérir.
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Stress Post-Traumatique : quand les soldats ukrainiens souffrent en silence
Les voix des soldats ukrainiens sur X révèlent une facette méconnue de la guerre : le stress post-traumatique, ce fardeau silencieux qui pèse sur des milliers de vies. Leurs mots, entre désespoir et résilience, appellent à une prise de conscience globale.
Mais combien de temps faudra-t-il pour que l’Ukraine, et le monde, répondent à cet appel ? Et si la victoire militaire arrivait, saurait-on panser ces âmes brisées ?

Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.