Marc Ferracci hué à l’usine Michelin de Cholet… Ce vendredi 8 novembre, Marc Ferracci, ministre de l’Industrie, s’est rendu sur le site Michelin de Cholet avec l’intention affichée de montrer le soutien du gouvernement aux travailleurs, mais sa visite a rapidement tourné au désordre. À peine descendu de voiture, Marc Ferracci a été accueilli par une vague de huées, de cris de colère et d’accusations de la part des employés. Ces derniers, frappés par l’annonce de la fermeture prochaine du site Michelin de Cholet, n’ont pas caché leur mécontentement. La rencontre, qui se voulait un geste de solidarité, n’aura duré que trois minutes avant le départ précipité du ministre qui laissera derrière lui des employés encore plus exaspérés.
Marc Ferracci hué, le ministre de industrie face au malaise des salariés
Marc Ferracci ne s’attendait pas à être hué sur le site de Michelin de Cholet ce 8 novembre… Les salariés de Michelin, réunis dès le matin devant l’usine, ont organisé une démonstration de force pour exprimer leur frustration et leur désarroi.
Des pneus ont été brûlés, des banderoles déployées qui portaient des messages tels que « Nos vies brisées pour des profits » et « Merci pour ce super Noël ! ». Des slogans acerbes qui témoignent d’une détresse sociale face à des licenciements jugés arbitraires.
Les employés de l’usine Michelin de Cholet, certains ayant travaillé depuis plusieurs décennies dans l’entreprise, dénoncent un choix purement financier au détriment de leurs années de labeur et de leur investissement professionnel.
« Nous avons donné notre vie ici et voilà comment Michelin nous remercie », confie un employé. De nombreux travailleurs ont pris la parole pour rappeler qu’il ne s’agit pas simplement de chiffres mais de vies impactées par ces décisions stratégiques.
Dans un climat de tension palpable, les employés de Michelin réclament des actions concrètes et des mesures tangibles, bien au-delà des paroles de réconfort du ministre.
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Marc Ferracci promet des mesures aux travailleurs de Michelin
Lors de sa courte intervention, Marc Ferracci copieusement hué a tenté d’apaiser la situation sur le site Michelin de Cholet en affirmant que personne ne serait « laissé de côté ».
Le ministre a évoqué la mise en place de mesures de soutien, y compris des indemnités et des plans de reclassement pour les travailleurs. « Nous allons faire en sorte que chaque salarié trouve une solution adaptée », a-t-il assuré, avant de quitter les lieux sous les huées persistantes.
Ces promesses n’ont pas calmé la colère des travailleurs qui y voient des mots creux sans actions concrètes. « Le gouvernement nous parle de reclassements, mais où ? » s’interroge un syndicaliste de la CGT qui ajoutent que les propositions actuelles manquent de réalisme pour un bassin d’emploi aussi touché que celui de Cholet.
Les salariés restent mobilisés après le départ de Marc Ferracci
Après le départ précipité et sous les huées de Marc Ferracci, la protestation s’est intensifiée. Des centaines de salariés se sont rassemblés dans la zone industrielle de Cholet et bloquent certaines voies pour exprimer leur indignation.
Les manifestants ont scandé des slogans qui dénoncent les choix de Michelin, qu’ils jugent dictés par la priorité donnée aux profits au détriment des travailleurs. Certains employés ont pris la parole pour décrire l’impact de cette fermeture sur leur vie, ils rappellent le sacrifice de leurs années d’engagement pour l’entreprise.
L’image des pneus en flammes devant l’usine restera sans doute gravée dans les esprits comme un symbole de la contestation sociale en cours. Cette action coup de poing a également attiré l’attention des élus locaux et des médias, et cela offre un éclairage sur les conséquences humaines d’une décision économique.
Le soutien de Denis Masséglia, député de Cholet, aux travailleurs
Face à cette situation tendue dans laquelle Marc Ferracci se fait huer, Denis Masséglia, député de Cholet, a exprimé sa solidarité avec les employés de Michelin. « Je comprends parfaitement la douleur de ces hommes et de ces femmes qui voient leur avenir bouleversé », a-t-il déclaré.
Denis Masséglia a également exhorté Michelin à assumer ses responsabilités vis-à-vis des travailleurs en proposant des solutions adaptées pour limiter les impacts de la fermeture. Denis Masséglia a insisté sur la nécessité de mesures concrètes qui va au-delà des simples compensations financières.
Il appelle Michelin à explorer des options de reclassement dans d’autres sites de production de la région, ou à investir dans des initiatives locales de réindustrialisation pour offrir de nouvelles perspectives d’emploi.
Marc Ferracci plaide pour des indemnités, Sophie Binet réclame des emplois
En réponse à l’inquiétude croissante, Marc Ferracci échaudé par les huées a évoqué des indemnités « substantielles » pour les travailleurs affectés ainsi que des initiatives de reclassement. Ces promesses n’ont pas convaincu les représentants syndicaux.
Sophie Binet, SG de la CGT, s’est montrée sceptique face aux promesses d’indemnisations et a appelé à privilégier le maintien d’emplois. « L’argent ne compensera jamais la perte d’un travail stable et d’une dignité », a-t-elle souligné, elle insiste sur le besoin de mesures qui privilégient des solutions pérennes pour les travailleurs.
Sophia Binet rappelle que le marché de l’emploi reste difficile dans cette région et que la perspective de reclassements dans des secteurs saturés est loin d’être réaliste.
Pour elle, la priorité devrait être de garantir le maintien d’activités productives sur le site, ou au moins de soutenir des projets locaux capables de recréer des emplois de qualité pour les anciens salariés de Michelin.
Plus de 1 250 postes menacés : une vague de licenciements chez Michelin
Cette fermeture n’est pas un cas isolé. Plus de 1 250 postes sont menacés dans plusieurs sites de Michelin d’ici 2026, cela montre une crise de l’emploi qui s’aggrave dans le secteur industriel en France.
La fermeture annoncée du site de Cholet s’inscrit dans une tendance où les grands groupes se réorganisent au détriment de l’emploi local. Les conséquences humaines sont lourdes, et les représentants syndicaux redoutent un effet domino qui pourrait toucher d’autres industries de la région.
Le Premier ministre Michel Barnier, en déplacement à Bruxelles, a réagi en dénonçant la destruction d’emplois par Michelin et d’autres entreprises, il pointe du doigt la fragilité des bassins industriels en France.
Michel Barnier a également critiqué l’absence de stratégies de soutien aux zones touchées et a appelé Michelin à expliquer l’utilisation des subventions publiques perçues ces dernières années.
Aides publiques : des députés pour une enquête sur les fonds
L’annonce de la fermeture a ravivé les débats sur l’utilisation des aides publiques par les entreprises. Plusieurs députés écologistes et insoumis appellent à la création d’une commission d’enquête parlementaire pour examiner la manière dont les subventions sont employées par des entreprises comme Michelin.
Les députés estiment que les aides doivent être davantage conditionnées à la création d’emplois et à la préservation des sites de production en France.
Michelin a perçu 42 millions d’euros d’aides publiques en 2023, en majorité via le Crédit d’impôt recherche (CIR), une subvention destinée à soutenir la compétitivité de la recherche en France.
L’entreprise justifie ces aides en expliquant qu’elles permettent de préserver ses capacités d’innovation et de compétitivité à l’international. Mais les syndicats et certains élus considèrent que ces aides devraient être réorientées vers des initiatives qui favorisent l’emploi local et la réindustrialisation.
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Michelin sous pression pour préserver l’emploi
Avec la colère des employés du site de Michelin de Cholet qui ont hué Marc Ferracci, et les critiques croissantes des élus, Michelin se retrouve dans une situation délicate. Le groupe devra non seulement répondre aux attentes des salariés, mais également faire face aux questions légitimes de la société et des pouvoirs publics.
Dans un contexte où les décisions stratégiques des grands groupes sont de plus en plus scrutées, Michelin pourrait être amené à reconsidérer sa stratégie pour éviter une fracture avec les territoires où il est historiquement implanté.
Ce bras de fer entre les travailleurs, les élus et la direction de Michelin montre à quel point la question de la responsabilité sociale des entreprises est devenue centrale dans le débat public.
Alors que la fermeture de Cholet semble inéluctable, les regards sont désormais tournés vers Michelin pour voir si le groupe entend réellement s’engager en faveur de la réindustrialisation des territoires et du soutien aux travailleurs laissés de côté.
Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.