Le 1er octobre dernier, Manon Aubry était l’invitée de Sam Zirah. Connue pour ses prises de position tranchées et son engagement en faveur des droits des femmes et de l’égalité sociale, la présidente du groupe de gauche au Parlement européen s’est livrée sans retenue sur divers sujets. Du sexisme en politique à sa vision de l’avenir, en passant par son rapport aux médias et sa propre histoire, Manon Aubry n’a éludé aucune question face à Sam Zirah.
Le style de Manon Aubry : entre critiques et autodérision
Manon Aubry, à cœur ouvert chez Sam Zirah ne cache rien. Depuis son entrée en politique, Manon Aubry est fréquemment jugée non seulement pour ses idées, mais aussi pour son apparence. Son style vestimentaire et sa coiffure sont devenus des sujets récurrents de discussion sur les réseaux sociaux.
Face à ces critiques , la députée adopte une attitude d’autodérision et relativise : « En tant que femme politique de gauche, je suis souvent ciblée, non pour mes idées, mais pour mon apparence. »
L’interview de Manon Aubry chez Sam Zirah ci-dessous :
Manon Aubry ajoute que ces attaques ne sont pas un hasard. Selon elle, les femmes de gauche sont particulièrement vulnérables à ce type de remarques : « Nous incarnons un combat qui dérange, et notre apparence devient une manière de nous décrédibiliser. »
Face à Sam Zirah, Manon Aubry avoue que ces commentaires ont parfois des répercussions sur son moral, notamment lors des périodes de doute où elle envisage même de tout arrêter. Malgré cela, elle persiste, convaincue de la nécessité de son engagement.
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Le rapport complexe de Manon Aubry aux médias, notamment TPMP
Manon Aubry n’a pas caché ses réserves à l’égard de certains médias. Elle a confié à Sam Zirah que les journalistes, qui devraient selon elle jouer un rôle de contre-pouvoir, sont devenus complices du système qu’ils sont censés dénoncer.
« Mes parents, qui étaient journalistes, ont honte de ce qu’est devenu le journalisme aujourd’hui », déclare-t-elle avec amertume.
Lors de l’émission, Manon Aubry est également revenue sur son refus catégorique de se rendre sur le plateau de Touche Pas à Mon Poste (TPMP), l’émission de Cyril Hanouna.
Elle explique ce choix par la manière dont le débat y est souvent détourné pour créer de la polémique plutôt que pour encourager un véritable échange d’idées. « Je refuse d’être réduite à une caricature. Les femmes politiques, surtout de gauche, y sont souvent malmenées et ridiculisées. »
De l’enfance à Saint-Raphaël à l’engagement politique
Au-delà de ses prises de position, Manon Aubry a profité de l’émission de Sam Zirah pour revenir sur son parcours personnel. Née et élevée à Saint-Raphaël, elle évoque une enfance marquée par la mobilisation sociale et les débats politiques animés à la maison, héritage d’une famille de journalistes engagés.
C’est notamment lors des manifestations contre le contrat première embauche en 2006 qu’elle connaît son premier éveil politique. Ces événements ont été, selon elle, un déclencheur de son engagement pour la justice sociale et l’égalité.
Elle raconte ensuite ses débuts en politique, d’abord comme militante associative, avant de devenir députée au Parlement européen. Elle insiste sur l’importance pour elle de ne jamais se détacher des réalités du terrain :
« Mon engagement politique, c’est avant tout un combat pour ceux qui n’ont pas de voix dans les instances de pouvoir. »
Femme et politique : obstacles et défis selon Manon Aubry
Être une femme en politique est loin d’être une tâche aisée, comme le rappelle Manon Aubry. Les obstacles sont nombreux, et les critiques à l’égard des femmes politiques sont souvent plus acerbes.
« On attend de nous que nous soyons irréprochables, et au moindre faux pas, nous sommes jugées plus sévèrement que nos homologues masculins », explique-t-elle. Elle se montre particulièrement critique envers la manière dont certaines figures politiques féminines sont traitées par les médias et l’opinion publique.
« Que ce soit Rima Hassan, Sarah Knafo ou Marion Maréchal, l’engagement des femmes au Parlement européen est encore trop souvent réduit à leur apparence ou leur vie privée. »
Malgré ces difficultés, Manon Aubry continue de se battre pour une meilleure représentation des femmes en politique et pour l’instauration d’un environnement où leurs idées sont prises au sérieux. De ce fait, elle soutient fermement que la parité doit être non seulement un objectif, mais une réalité concrète.
L’affaire Mazan et la nécessité d’une meilleure définition du consentement
Au cours de l’émission, Manon Aubry a également réagi à l’affaire Mazan, un scandale récent qui a relancé le débat sur le consentement en France.
Plaidant pour une meilleure définition du consentement dans le droit français, elle estime que les lois actuelles ne protègent pas suffisamment les victimes de violences sexuelles. « Nous devons cesser de minimiser la parole des victimes et mettre en place des mécanismes plus efficaces pour garantir que la justice soit rendue. »
Selon elle, il est urgent que le Parlement se saisisse de cette question et apporte des réponses législatives claires pour éviter que de telles affaires ne se reproduisent.
Manon Aubry critique la politique le style de communication « macho » d’Emmanuel Macron
La députée LFI n’a pas mâché ses mots en évoquant le style de communication de certains dirigeants politiques actuels. Pour elle, Emmanuel Macron incarne une forme de leadership qu’elle qualifie de « macho ».
« Sa manière de gouverner est marquée par une volonté de domination, par un mépris des autres et par un discours souvent viril qui invisibilise les voix dissidentes, notamment celles des femmes », déplore-t-elle.
Elle appelle à un changement radical dans la manière dont les responsables politiques s’adressent aux citoyens et gèrent le pouvoir. « Nous avons besoin d’un leadership plus inclusif, qui respecte les différences et qui valorise l’écoute et le dialogue plutôt que l’autoritarisme. »
Défense des droits des femmes et opposition aux lobbies au Parlement européen
Fidèle à ses convictions féministes, Manon Aubry a conclu son entretien en insistant sur l’importance de défendre les droits des femmes, non seulement en France, mais également à l’échelle européenne.
Pour elle, il est essentiel de garantir que les politiques publiques prennent en compte les réalités vécues par les femmes, en particulier dans des secteurs comme l’accès à la santé, au travail et à l’éducation.
Elle s’est également positionnée fermement contre l’influence des lobbies au Parlement européen, qu’elle accuse de fausser le processus législatif. « Trop souvent, les décisions prises à Bruxelles sont dictées par des intérêts privés au détriment de l’intérêt général », affirme-t-elle.
Elle milite ainsi pour une plus grande transparence dans les prises de décision au sein des institutions européennes.
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Les internautes : entre soutien et critiques de Manon Aubry
Les réactions des internautes à cette interview ont été diverses. Certains ont salué l’initiative de Sam Zirah d’avoir invité une députée comme Manon Aubry, ceux-ci estiment que cela permettait de mieux comprendre ses positions.
« Merci Sam, ça permet de mieux les connaître, alors qu’ils sont souvent insultés dans les médias », commente un utilisateur.
D’autres, en revanche, sont plus sceptiques. « Elle peut être intéressante, mais elle dit beaucoup d’inepties », critique un internaute, tout en déplorant les attaques fréquentes contre le Rassemblement national.
Quoi qu’il en soit, l’interview de Manon Aubry chez Sam Zirah a permis de mettre en lumière une personnalité politique qui, malgré les critiques, reste déterminée à défendre ses convictions et à se battre pour ses idées au Parlement européen.
Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.