De l’eau dans votre yaourt… L’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir révèle que plusieurs marques de yaourts au lait de brebis ont un taux d’eau bien supérieur à la norme légale, ce qui remet en question la qualité de ces produits. Les marques Vrai et La Bergerie, connues pour leur positionnement sur des produits de qualité, sont particulièrement visées.
Yaourts au lait de brebis : trop d’eau dans les pots
Selon l’enquête réalisée par l’UFC-Que Choisir, certains yaourts au lait de brebis contiennent jusqu’à 13% d’eau supplémentaire par rapport à ce qui est autorisé. La réglementation française, établie par le décret n°88-1203 et la norme AFNOR, impose une limite stricte : la teneur en eau dans un yaourt ne doit pas dépasser 5%.
Pourtant, les analyses effectuées sur les produits des marques Vrai et La Bergerie révèlent des taux d’eau atteignant parfois 13 à 18%. Cette découverte laisse en suspens un certain nombre de questions : peut-on encore appeler ces produits des « yaourts » ?
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Une appellation trompeuse pour les consommateurs
La législation autour de la dénomination « yaourt » est claire : il s’agit d’un produit laitier fermenté qui doit respecter certaines exigences de composition, notamment en ce qui concerne la teneur en eau.
Mais l’enquête démontre que ces yaourts faussement étiquetés continuent d’être vendus dans les rayons des magasins. Cela constitue une tromperie pour les consommateurs, qui croient acheter un produit répondant aux normes alors qu’il n’en est rien.
L’une des marques incriminées dans cette quête au gout d’eau, Olga, évite d’ailleurs soigneusement d’utiliser le terme « yaourt » sur ses emballages. Elle préfère parler de « préparation au lait de brebis », une astuce qui lui permet de contourner la réglementation stricte sur l’étiquetage.
Cette démarche, bien que légale, pose néanmoins problème du point de vue éthique, d’autant plus que la teneur en eau de ces produits reste bien supérieure à ce qu’on attend d’un véritable yaourt.
Olga se défend, l’UFC-Que Choisir réplique
Face aux accusations portées par l’UFC-Que Choisir, Olga se défend en mettant en avant son procédé de fabrication. Selon la marque, l’ajout d’eau s’explique par l’utilisation de lait partiellement écrémé, une méthode naturelle qui permettrait de garantir la texture et le goût du produit.
Mais cette justification est loin de convaincre les experts de l’association de consommateurs. Ces derniers rappellent que, quel que soit le procédé de fabrication utilisé, un yaourt au lait de brebis ne doit pas contenir plus de 5% d’eau, sous peine de ne plus pouvoir prétendre à cette appellation.
Pour l’UFC-Que Choisir, cet excès d’eau ne se justifie en aucun cas, et les consommateurs devraient être mieux informés sur la composition réelle des produits qu’ils achètent. « Le lait de brebis est naturellement plus riche et plus onctueux, il n’y a donc aucune raison valable d’y ajouter autant d’eau », précise un des experts qui ont participé à l’enquête.
Yaourts entiers vs yaourts écrémés : un impact nutritionnel majeur
L’enquête de l’UFC-Que Choisir met également en lumière une autre donnée importante : la qualité nutritionnelle des yaourts au lait de brebis varie considérablement selon que le lait utilisé soit entier ou écrémé.
Un yaourt au lait entier présente en effet un taux d’acides gras saturés bien plus élevé qu’un yaourt à base de lait écrémé. Cette différence peut avoir des conséquences non négligeables sur la santé, notamment pour les personnes sujettes à des problèmes cardiovasculaires.
La consommation excessive de graisses saturées est en effet l’un des facteurs de risque majeurs de maladies cardiaques. Ainsi, un yaourt au lait entier se voit attribuer un Nutri-Score de C, tandis qu’un yaourt au lait écrémé bénéficie d’un Nutri-Score de A, ce qui le classe parmi les produits les plus sains.
Il est donc essentiel pour les consommateurs de prêter attention à la composition des yaourts qu’ils choisissent en magasin, surtout s’ils surveillent leur apport en graisses saturées.
Une vigilance accrue des consommateurs nécessaire
L’enquête de l’UFC-Que Choisir montre clairement que tous les yaourts au lait de brebis ne se valent pas. Alors que ces produits sont souvent perçus comme plus sains et plus naturels que les yaourts au lait de vache, la réalité est plus complexe.
Non seulement certains contiennent une quantité d’eau beaucoup trop élevée, mais en plus, leur profil nutritionnel peut varier du tout au tout en fonction de la qualité du lait utilisé.
Pour les consommateurs, il devient donc primordial d’adopter une attitude plus vigilante lors de leurs achats. Lire attentivement les étiquettes et vérifier la composition des produits est un premier pas vers une consommation plus éclairée.
Il convient de ne pas se laisser tromper par les termes marketing utilisés par certaines marques pour masquer des pratiques contestables. Un produit vendu sous l’appellation « préparation au lait de brebis » n’est pas nécessairement un yaourt, et il est essentiel de le savoir pour éviter les mauvaises surprises.
Les alternatives : privilégier les yaourts 100% lait de brebis
Heureusement, tous les yaourts au lait de brebis ne souffrent pas de ces dérives. Certains produits, fabriqués dans le respect des normes, sont effectivement à base de lait de brebis à 100%, sans ajout d’eau superflu.
Ces yaourts sont non seulement plus authentiques, mais également plus riches en nutriments essentiels et offrent une meilleure qualité nutritionnelle.
Si vous êtes à la recherche d’un yaourt de qualité, privilégier ces produits constitue une alternative saine et transparente. Opter pour un yaourt 100% lait de brebis vous permettra de bénéficier de toutes les qualités nutritionnelles du lait de brebis, sans compromis sur la composition.
Une réglementation à revoir ?
Face à cette enquête, il est légitime de se poser la question : la réglementation actuelle est-elle suffisante pour protéger les consommateurs ?
Alors que certaines marques parviennent à contourner les normes en jouant sur les mots ou en modifiant légèrement leur procédé de fabrication, une mise à jour des décrets pourrait être nécessaire pour renforcer les exigences en matière d’étiquetage et de composition des yaourts.
Un renforcement des contrôles pourrait s’imposer pour éviter que des produits qui ne respectent pas les normes continuent de se retrouver dans les rayons. L’enquête de l’UFC-Que Choisir rappelle l’importance d’un cadre législatif strict pour garantir la transparence et la sécurité des produits alimentaires.
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Attention à ce que vous achetez
L’enquête dévoilée par l’UFC-Que Choisir montre une fois de plus l’importance de la vigilance en matière d’alimentation. Si les yaourts au lait de brebis jouissent d’une image positive, tous ne sont pas irréprochables.
Les excès d’eau constatés dans certains produits montrent qu’il est possible de tromper le consommateur sans enfreindre directement la loi.
En tant que consommateurs, il est de votre responsabilité de vous informer sur les produits que vous achetez, de lire les étiquettes attentivement, et de privilégier les marques qui jouent la carte de la transparence.
Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.