Le décès du pape François marque un tournant pour l’Église catholique, qui se prépare au conclave 2025. Quels cardinaux pourraient succéder à ce pontife et relever les défis d’un monde en mutation ?
En bref
Conclave imminent : Les cardinaux se réuniront dans 15 à 20 jours pour élire le prochain pape, un moment clé pour l’Église.
Électeurs mondiaux : 138 cardinaux de moins de 80 ans voteront, représentant une Église de plus en plus globale.
Favoris italiens : Pietro Parolin et Matteo Zuppi sont souvent cités comme potentiels successeurs, selon des discussions sur X.
Un vent d’Asie : Luis Antonio Tagle, des Philippines, est évoqué comme un possible premier pape asiatique.
Défis majeurs : Le futur pape devra affronter la sécularisation, les scandales, et les divisions internes.
Le 21 avril 2025, l’Église catholique a perdu une figure majeure avec la mort du pape François, décédé à l’âge de 88 ans des suites d’une infection respiratoire complexe, selon un communiqué officiel de la Salle de Presse du Vatican. Depuis son élection en 2013, François, premier pape sud-américain, a marqué l’histoire par son humilité, son engagement pour les pauvres, et ses réformes audacieuses, comme l’ouverture aux personnes divorcées ou son plaidoyer pour les migrants. Mais son pontificat a aussi été traversé par des crises : scandales d’abus sexuels, tensions entre progressistes et conservateurs, et une sécularisation croissante en Occident. Alors que le Vatican entre dans la période de sede vacante, les regards se tournent vers le conclave, prévu dans 15 à 20 jours selon la constitution Universi Dominici Gregis. Qui parmi les 138 cardinaux électeurs aura la stature pour succéder à François et guider 1,4 milliard de catholiques ? Plongeons dans le processus, les candidats potentiels, et les enjeux de cette succession historique.
Le Conclave 2025 : Un processus ancré dans la tradition
Le conclave est le mécanisme par lequel l’Église catholique élit son nouveau pape, un rituel codifié par la constitution apostolique Universi Dominici Gregis, promulguée par Jean-Paul II en 1996 et modifiée par Benoît XVI en 2013.
Après la mort d’un pape, les cardinaux électeurs – ceux âgés de moins de 80 ans – se réunissent dans la chapelle Sixtine, isolés du monde extérieur pour éviter toute influence.
Le processus débute par la messe Pro eligendo Romano Pontifice, suivie de l’entrée des cardinaux dans la chapelle, marquée par le chant Veni Creator et l’ordre extra omnes (tous dehors), qui ferme les portes aux non-élus.
Les cardinaux votent en secret, jusqu’à quatre fois par jour, jusqu’à ce qu’un candidat obtienne une majorité des deux tiers, soit 92 voix sur 138 en 2025. Après chaque scrutin, les bulletins sont brûlés dans un poêle : une fumée noire indique l’absence de décision, une fumée blanche annonce l’élection du nouveau pape.
Si après 33 tours aucun candidat n’est choisi, les deux favoris peuvent être soumis à un vote final. Ce rituel, qui combine prière et délibération, est à la fois spirituel et stratégique, reflétant les dynamiques complexes de l’Église.
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Qui sont les cardinaux électeurs du Conclave 2025 ?
Le Collège des cardinaux, qui élit le pape, est composé de 252 membres, mais seuls ceux de moins de 80 ans peuvent voter, selon Universi Dominici Gregis (Section 33). En janvier 2025, ils étaient 138, un chiffre confirmé par les données officielles du Vatican.
Ce nombre peut légèrement varier d’ici le conclave, car certains cardinaux atteindront 80 ans entre-temps. La liste exacte des électeurs est publiée dans l’Annuario Pontificio, le répertoire annuel du Vatican, et mise à jour régulièrement sur le site officiel.
Ces électeurs reflètent la diversité croissante de l’Église catholique. Sous François, 73 des 138 cardinaux électeurs ont été nommés hors d’Europe, avec des représentants de lieux aussi divers que la Mongolie, le Congo, ou les Philippines.
L’Italie reste dominante avec 13 électeurs, mais l’Afrique et l’Asie gagnent du terrain, représentant respectivement 17 et 15 électeurs. Cette mondialisation pourrait influencer le choix du prochain pape, surtout dans un contexte où le catholicisme décline en Europe mais croît rapidement dans le Sud global.
Pietro Parolin : Le diplomate modéré et parti favori
Le cardinal Pietro Parolin, 70 ans, est souvent cité comme un potentiel successeur dans les discussions sur X. En tant que secrétaire d’État du Vatican depuis 2013, il est le numéro deux de l’Église, chargé des affaires diplomatiques.
Pietro Parolin a joué un rôle clé dans des accords majeurs, comme celui de 2018 avec la Chine sur la nomination des évêques, bien que cet accord ait suscité des critiques parmi certains catholiques traditionalistes.
La biographie officielle de Pietro Parolin, disponible sur le site de la Salle de Presse du Vatican, le décrit comme un homme discret, modéré, et expérimenté, ayant survécu aux remaniements de François.
Sur X, des utilisateurs le décrivent comme un « candidat de continuité », capable de poursuivre les réformes de François tout en apaisant les tensions avec les conservateurs.
Cependant, son rôle dans le scandale immobilier de Londres, où le Vatican a perdu des millions d’euros, pourrait ternir son image, bien qu’aucune implication directe n’ait été prouvée. Sans déclaration officielle du Vatican qui confirmerait sa candidature, ces spéculations restent hypothétiques.
Pietro Parolin, italien, pourrait séduire les électeurs qui cherche un retour à une papauté européenne, mais son manque de charisme public est parfois pointé comme une faiblesse.
Luis Antonio Tagle : Un Symbole d’Ouverture et de Renouveau
Le cardinal Luis Antonio Tagle, 67 ans, est un autre nom fréquemment évoqué sur X comme un favori. Actuel pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation des Peuples, Luis Antonio Tagle est un Philippin, ce qui en ferait le premier pape asiatique s’il était élu.
Sa biographie officielle met en avant son style pastoral, marqué par l’empathie et l’engagement envers les pauvres, des traits qui rappellent François.
Luis Antonio Tagle est également connu pour ses positions progressistes : en 2015, il a critiqué les « mots durs » de l’Église envers les personnes LGBTQ+, les mères célibataires, et les divorcés, plaidant pour une approche plus inclusive.
Sur les réseaux sociaux, certains le surnomment « l’Asiatique François », voyant en lui un symbole de renouveau pour une Église en expansion en Asie, où le catholicisme croît rapidement. À 67 ans, il offre aussi la perspective d’un pontificat long, un atout pour les électeurs qui cherchent un leadership durable.
Mais son profil réformateur pourrait rebuter les cardinaux conservateurs, qui représentent une minorité influente. Ces spéculations, bien que populaires sur les réseaux sociaux, ne sont pas confirmées par des sources officielles du Vatican.
Jean-Marc Aveline : L’outsider Français et méditerranéen
Jean-Marc Aveline, 66 ans, archevêque de Marseille, est un outsider mentionné dans les discussions sur X. Créé cardinal par François en 2022, Aveline est reconnu pour son dialogue interreligieux, notamment avec l’islam, et son engagement social dans une ville multiculturelle.
Sa biographie officielle, publiée par la Salle de Presse du Vatican, souligne son intérêt pour les questions méditerranéennes, un thème cher à François, qui voyait la Méditerranée comme un espace de rencontre entre cultures.
Sur X, certains utilisateurs apprécient son profil européen mais ancré dans les réalités contemporaines, comme l’immigration et la coexistence religieuse. Aveline pourrait séduire les électeurs cherchant un pape connecté aux défis modernes, tout en restant dans une tradition européenne.
Son manque de visibilité internationale et son expérience limitée au Vatican pourraient jouer contre lui. Comme pour les autres candidats, ces hypothèses ne sont pas étayées par des déclarations officielles du Vatican et doivent être prises avec prudence.
Matteo Zuppi : Le médiateur italien et progressiste
Matteo Zuppi, 69 ans, archevêque de Bologne, est un autre Italien souvent cité sur X. Président de la Conférence épiscopale italienne depuis 2022, Matteo Zuppi est proche de la Communauté de Sant’Egidio, connue pour ses efforts de paix, notamment au Mozambique.
Matteo Zuppi a aussi été envoyé par François comme émissaire de paix en Ukraine en 2023, il a rencontré des figures comme le patriarche orthodoxe russe Kirill, bien que sans résultats diplomatiques majeurs.
Sa biographie officielle le présente comme un progressiste, favorable à un dialogue accru avec la communauté LGBTQ+, comme en témoigne son essai dans le livre Building a Bridge de James Martin (2018).
Pour de nombreux internautes, Matteo Zuppi est vu comme un candidat proche des idéaux de François, mais son ancrage italien pourrait être perçu comme un pas en arrière pour une Église mondiale. Certains électeurs pourraient néanmoins apprécier son rôle de médiateur et son expérience pastorale.
Ces spéculations restent hypothétiques, sans confirmation officielle du Vatican.
Un Pape Africain ? Les candidats du continent croissent à chaque conclave
L’Afrique, où le catholicisme connaît une croissance rapide, pourrait jouer un rôle clé dans ce conclave. Deux cardinaux africains, Peter Turkson (Ghana, 76 ans) et Robert Sarah (Guinée, 79 ans), apparaissent dans les spéculations sur Facebook, TikTok et X.
Peter Turkson, ancien responsable du dicastère pour le Développement humain intégral, est un modéré, connu pour ses positions sur la justice sociale et le climat. Robert Sarah, plus conservateur, a été président du Conseil pontifical Cor Unum sous Benoît XVI et est une figure influente parmi les traditionalistes.
Cependant, leur âge pose problème : Universi Dominici Gregis limite les électeurs à ceux de moins de 80 ans, et Robert Sarah, à 79 ans, pourrait être disqualifié si le conclave se tient après son anniversaire. Peter Turkson, à 76 ans, reste éligible mais son âge avancé pourrait décourager les électeurs qui cherchent un pontificat long.
Un pape africain, comme Fridolin Ambongo (65 ans, Congo), également mentionné sur X, marquerait un tournant historique, mais cela reste de l’hypothèses.
Les Défis du prochain pontificat : Un monde en mutation
Le successeur de François héritera d’une Église à un carrefour critique. La sécularisation en Europe est un défi majeur : selon les rapports synodaux du Vatican, les églises se vident, avec une baisse de 20 % de la pratique religieuse en une décennie.
Les scandales d’abus sexuels, bien que partiellement abordés sous François, continuent d’entacher la crédibilité de l’institution.
Les tensions internes sont vives : les progressistes poussent pour plus d’inclusion (femmes, LGBTQ+), tandis que les conservateurs défendent la tradition, comme l’opposition de Robert Sarah aux bénédictions de couples homosexuels.
« La liberté que nous devons offrir aux personnes vivant dans des unions homosexuelles réside dans la vérité de la parole de Dieu. » Cardinal Robert Sarah
Le prochain pape devra aussi répondre aux attentes des fidèles en Asie et en Afrique, où le catholicisme croît rapidement. En Afrique, le nombre de catholiques a doublé en 30 ans, atteignant 236 millions en 2025, selon les statistiques du Vatican.
En Asie, les Philippines, représentées par Tagle, sont un bastion catholique. Ces régions exigent une Église qui parle à leurs réalités : pauvreté, conflits, et montée des fondamentalismes. Ces enjeux, bien documentés dans les rapports synodaux, façonneront les débats du conclave.
Facteurs clés du vote d’un nouveau pape : Âge, origine, et vision théologique
Le choix du prochain pape repose sur plusieurs critères implicites, bien que non détaillés dans les documents officiels. L’âge est un facteur clé : les cardinaux préfèrent souvent un pape ni trop jeune (pour éviter un pontificat trop long, comme celui de Jean-Paul II, 27 ans) ni trop vieux (pour garantir un leadership actif).
À 70 ans, Parolin est dans une tranche d’âge idéale ; Tagle, à 67 ans, pourrait offrir un pontificat plus long, mais cela pourrait inquiéter certains électeurs.
L’origine géographique est cruciale. Un pape non européen, d’Afrique ou d’Asie, renforcerait l’influence de l’Église dans ces régions en expansion, où vivent désormais deux tiers des catholiques. Mais, un retour à une papauté italienne, avec Parolin ou Zuppi, pourrait rassurer les électeurs traditionnels.
La vision théologique est déterminante : les électeurs chercheront un équilibre entre la continuité des réformes de François (inclusion, dialogue) et l’apaisement des conservateurs, qui détiennent un tiers des voix, assez pour bloquer un candidat progressiste.
Ces dynamiques, bien que non explicites dans Universi Dominici Gregis, sont implicites dans l’histoire des conclaves.
L’Héritage de François : Un pontificat de rupture
François a laissé une empreinte profonde sur l’Église. Son encyclique Laudato Si’ (2015) a fait de l’écologie une priorité catholique, un sujet que le prochain pape devra poursuivre face à la crise climatique.
Sa réforme de la Curie, bien que controversée, a cherché à rendre le Vatican plus transparent, notamment après les scandales financiers.
François a aussi ouvert des débats sensibles, comme l’accueil des divorcés remariés (Amoris Laetitia, 2016) et les bénédictions des couples homosexuels (Fiducia Supplicans, 2023), des décisions qui ont divisé les fidèles.
Son style pastoral – visites aux périphéries, proximité avec les pauvres – a redéfini l’image du pape. Mais ses décisions unilatérales, comme la centralisation du pouvoir, ont limité les interactions entre cardinaux, rendant le conclave 2025 plus imprévisible.
Environ 80 des 138 électeurs ont été nommés par François, mais cela ne garantit pas un successeur aligné sur sa vision, car les dynamiques de pouvoir se reconfigurent après la mort d’un pape.
Un Conclave qui pourrait réserver des surprises
Les conclaves récents montrent que prédire un pape est difficile. En 2005, Joseph Ratzinger (Benoît XVI) était un favori attendu, mais en 2013, Jorge Bergoglio (François) fut une surprise, élu après seulement deux jours.
Les listes de favoris, souvent établies par les médias, se trompent fréquemment : en 2005, le cardinal Dionigi Tettamanzi, donné favori, n’a obtenu que deux voix. Les conclaves sont influencés par des discours en coulisses, des alliances imprévues, et l’Esprit Saint, selon la foi catholique.
Le conclave 2025 sera particulièrement imprévisible. François a diversifié le Collège cardinalice, nommant des cardinaux de régions marginales comme Yangon ou Ulaanbaatar. Ces électeurs, moins connus, pourraient surprendre.
L’absence d’un favori clair – contrairement à 2005 – laisse la porte ouverte à un outsider, comme Aveline ou un cardinal africain.
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Succession du pape François : on patiente le conclave
La succession du pape François est un moment charnière pour l’Église catholique. Le conclave 2025, qui débutera dans les prochains jours dans la chapelle Sixtine, déterminera si l’Église opte pour la continuité avec un modéré comme Pietro Parolin, un renouveau avec Luis Antonio Tagle, ou une surprise comme Jean-Marc Aveline ou Matteo Zuppi.
Les spéculations sur un pape africain, bien que séduisantes, restent incertaines face aux réalités du vote. Alors que le monde attend la fumée blanche, une question persiste : le prochain pape saura-t-il unir une Église divisée et répondre aux attentes des 1,4 milliard de catholiques ? Quels défis prioritaires définira-t-il pour l’avenir d’une institution millénaire ?

Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.