Cette vidéo de SurmulotNews qui se moque des problèmes de lecture député Sébastien Delogu. Une lecture fort hésitante lors d’une intervention en commission, suivie d’une erreur de calcul, a suscité une avalanche de réactions, qui vont donc de la moquerie à la condamnation.
Sébastien Delogu moqué dans une vidéo sur Bruno Le Maire
Cette vidéo de SurmulotNews qui se moque des problèmes de lecture de Sébastien Delogu serait-elle une parodie ? C’est lors d’une session à l’Assemblée nationale que Sébastien Delogu, député insoumis, a pris la parole pour interpeller Bruno Le Maire, ministre de l’Économie.
📖🇫🇷 INSOLITE – L'Assemblée nationale a organisé un atelier de lecture pour aider les députés illettrés à rattraper le niveau. pic.twitter.com/2yEpoGRnZf
— SurmulotNews (@SurmulotsNews) September 9, 2024
Dans son intervention, Sébastien Delogu abordait un sujet brûlant : la fraude aux aides sociales, en particulier à la Caisse d’Allocations Familiales (CAF), et la comparait à la fraude fiscale. Or, c’est sur ce point précis que l’intervention du député a rapidement dérapé.
Lors de son allocution, Sébastien Delogu a affirmé que la fraude à la CAF s’élevait à 1,3 milliard d’euros, mais il a commis une erreur de calcul en tentant de la mettre en perspective avec la fraude fiscale, qu’il a estimée à près de 100 milliards d’euros.
Ce faux pas a offert à ses détracteurs une opportunité en or de tourner en dérision ses propos. Un peu trop de moqueries à son endroit…
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Sébastien Delogu moqué sur les réseaux sociaux
Ce n’est pas tant l’erreur de calcul qui a fait exploser l’affaire que la manière dont l’intervention de Sébastien Delogu a été perçue et relayée en ligne.
Une vidéo de sa prestation a été ralentie et coupée par SurmulotNews, dans la vidéo, on voit ses hésitations lors de la lecture de son discours. Diffusée sur plusieurs réseaux sociaux, cette séquence manipulée a très rapidement fait le tour de la toile, tout en faisant des millions de vues.
Cette version modifiée a été montée dans un but de caricature, selon ses auteurs. La première diffusion de cette vidéo truquée provient du compte « Surmulot News », connu pour ses publications provocatrices.
« Surmulot News » s’est défendu face aux accusations de manipulation en affirmant qu’il ne s’agissait que d’une simple caricature visant à ridiculiser, non à tromper. Mais la vidéo a été largement partagée par des personnalités de l’extrême droite, y compris le syndicat de police Alliance.
Des attaques politiques acerbes
Le dérapage de Sébastien Delogu a déclenché des réactions politiques hostiles. Plusieurs figures publiques se sont emparées de l’affaire pour attaquer le député.
Jean Messiha, proche des milieux d’extrême droite, n’a pas hésité à insulter Sébastien Delogu en le qualifiant de « supplément d’âne » sur Twitter, une couche supplémentaire à la campagne de dénigrement dont le député faisait l’objet.
Des montages vidéos ont également comparé Sébastien Delogu au personnage de bande dessinée Ducobu, célèbre pour son manque de sérieux et son côté maladroit.
D’autres personnalités politiques ont suivi le mouvement. Aurélien Véron et Marguerite Stern se sont fait l’écho des critiques, amplifiant le malaise autour de l’intervention du député insoumis.
Cet acharnement a été renforcé par la diffusion de deux autres vidéos truquées, toutes visant à ridiculiser encore davantage la performance de Sébastien Delogu.
Un soutien limité mais visible
Face à cette vague d’attaques, certains élus et figures de la gauche ont pris la défense de Sébastien Delogu. Plusieurs membres de La France Insoumise (LFI) ont dénoncé un « mépris de classe » tout en pointant du doigt le fait que l’on se moque davantage de l’origine sociale ou du parcours de Sébastien Delogu que de son propos.
Parmi les soutiens, Sandrine Rousseau et Laurence Rossignol ont vivement critiqué ces méthodes de discrédit, en rappelant que le débat politique devrait se concentrer sur le fond plutôt que sur des erreurs formelles ou des moqueries.
Ces élus ont rappelé que l’utilisation de vidéos manipulées pour nuire à un adversaire politique reflète une dérive préoccupante dans le débat public, où la forme semble de plus en plus supplanter le fond des idées et des propositions.
L’utilisation des vidéos truquées : un phénomène inquiétant
Ce n’est pas la première fois qu’une vidéo modifiée est utilisée pour se moquer d’un élu. Ce phénomène, rendu possible par la viralité des réseaux sociaux, pose des questions importantes sur la manière dont l’information est partagée et consommée aujourd’hui.
Dans le cas de Sébastien Delogu, la vidéo ralentie a permis de dégrader ses hésitations en transformant un discours maladroit en un véritable sujet de moquerie publique.
Le compte « Surmulot News », à l’origine de la première vidéo, a revendiqué la paternité de cette parodie, affirmant qu’il ne s’agissait en aucun cas de désinformer mais simplement de « caricaturer ».
Mais le fait que cette vidéo ait été relayée par des figures politiques d’extrême droite, ainsi que par le syndicat de police Alliance, montre à quel point ces manipulations peuvent rapidement devenir des outils de campagne pour discréditer un adversaire.
L’effet de viralité a été fulgurant : la vidéo parodique a cumulé plus de deux millions de vues en quelques jours et amplifier l’embarras du député insoumis.
La réponse de Sébastien Delogu face aux moqueries
Malgré la tempête médiatique et les moqueries dont il a fait l’objet, Sébastien Delogu a choisi de ne pas céder à la pression. Il refuse de se laisser abattre par les critiques, il a déclaré qu’il continuerait à se battre pour les causes qu’il défend à l’Assemblée nationale.
Face à ces attaques, Sébastien Delogu a surtout mis en avant son engagement pour dénoncer la fraude fiscale, qu’il considère comme un véritable fléau en France.
Dans un souci de ne pas alimenter davantage la polémique, le député a également décidé de ne pas répondre aux sollicitations de CheckNews, qui cherchait à clarifier les faits et à approfondir les chiffres avancés lors de son intervention.
Un débat de fond éclipsé par la forme
Cet épisode met en lumière un phénomène inquiétant dans la sphère publique : l’importance excessive accordée à la forme au détriment du fond.
Sébastien Delogu voulait, à travers son intervention, pointer du doigt l’ampleur de la fraude fiscale en France, qu’il estime à près de 100 milliards d’euros, une somme considérablement plus élevée que la fraude aux aides sociales.
Pourtant, ce message a été éclipsé par ses hésitations et une erreur de calcul, rapidement exploités par ses opposants. Ce type de dérive révèle une tendance croissante à privilégier le spectacle et la moquerie dans le débat public, au détriment des enjeux politiques réels.
Les vidéos truquées, qui caricaturent les élus et déforment la réalité, participent à cette dérive et fragilisent le débat démocratique en focalisant l’attention sur des aspects anecdotiques plutôt que sur les véritables enjeux.
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Un avenir politique sous pression
Sébastien Delogu sort affaibli de cette séquence, mais sa détermination reste intacte. Ce type de polémique montre à quel point les erreurs d’expression ou les maladresses peuvent devenir des armes dans les mains de certains, prêtes à être utilisées pour discréditer un adversaire.
Mais cette affaire montre aussi la nécessité d’un retour à un débat politique plus serein, centré sur les idées et non sur la forme.
Dans un contexte où les réseaux sociaux amplifient chaque erreur, il sera intéressant de voir comment Sébastien Delogu et d’autres élus choisiront de s’adapter à cette nouvelle réalité médiatique.
Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.