Après les inondations dévastatrices qui ont fait plus de 65 morts au Mexique, le cartel de Jalisco Nueva Generación (CJNG) distribue vivres et aide. Une opération condamnée par la présidente Claudia Sheinbaum.
En bref
- Plus de 65 victimes en une semaine, dont un homme emporté à Juarez, avec des communautés ravagées par des pluies torrentielles.
- Des hommes armés du CJNG livrent sacs de nourriture estampillés « Octobre 2025 », criant « De parte del Cartel Jalisco Nueva Generacion! ».
- « Ça n’est pas correct », tranche Sheinbaum, qui dénonce une ingérence illégitime face à l’urgence humanitaire.
- Armée et gouvernements locaux déploient aide massive, mais les narcos surfent sur le vide pour gagner les cœurs.
- Cette « bonne action » renforce l’image populaire du cartel, au risque d’affaiblir l’autorité fédérale.
Le Mexique affronte une catastrophe naturelle sans précédent : des pluies diluviennes ont submergé des régions entières depuis une semaine, elles ont tué au moins 65 personnes et isolé des milliers de familles. Dans ce chaos, le CJNG, l’un des cartels les plus violents et puissants du pays, apporte son aide.
Le Cartel CNJG, bienfaiteur auprès de populations sinistrées
Des vidéos montrent des hommes cagoulés, kalachnikovs en bandoulière qui distribuent des colis alimentaires dans des villages sinistrés, marqués du logo du cartel. Les narcos, qui contrôlent territoires et économies locales, investissent dans l’image de protecteurs pour contrer leur réputation de bourreaux.
Claudia Sheinbaum, la Présidente du Mexique depuis 2024, a réagi vertement lors de sa conférence quotidienne pour insister sur le rôle exclusif de l’État dans les secours.
Une catastrophe qui expose les failles de l’Etat
Les pluies torrentielles ont frappé durement le nord et le centre du Mexique, avec des crues importantes à Juarez et dans l’État de Jalisco, fief du CJNG. Des maisons englouties, des routes coupées, des familles privées d’eau potable : l’urgence humanitaire est criante.
L’État a mobilisé l’armée et des fonds fédéraux afin d’évacuer des milliers de personnes et acheminer des tonnes de vivres. Pourtant, dans les zones rurales isolées, l’aide officielle peine à arriver vite. C’est là que le cartel frappe : rapide, visible, et avec une logistique rodée par des années de trafic.
Ce n’est pas un hasard, Jalisco, zone des opérations du CJNG, est aussi l’une des régions les plus touchées.
Lire aussi :
Andy Kerbrat pris en flagrant délit d’achat de drogue
La stratégie du CJNG : charité ou propagande ?
Fondé en 2010, le CJNG est passé maître dans l’art de la « narco-bienfaisance ». Au-delà des inondations, il finance écoles, églises et fêtes locales et se forgent un narratif de « Robin des Bois » contre un État perçu comme absent.
Ici, les sacs d’aide, distribués par des hommes armés, servent de pub gratuite : photos sur X, logos voyants, slogans tonitruants. Objectif ? Gagner la loyauté des populations, recruter des sympathisants et discréditer le gouvernement.
Des experts y voient une offensive psychologique : en se posant en sauveurs, les narcos effacent temporairement leur bilan sanglant qui comprend des milliers de morts et des disparitions forcées. Mais cette générosité a bien un prix : elle renforce leur emprise économique et territoriale.
Claudia Sheinbaum condamne cette générosité du CJNG
La présidente a passé une heure de sa conférence du 14 octobre à détailler les efforts de l’Etat tout en rappelant que « ce n’est pas correct » pour un cartel de s’immiscer dans les secours. Élue sur la continuité de la « guerre contre les cartels » d’AMLO, Claudia Sheinbaum déploie 10 000 gardes nationaux à la frontière.
La Présidente mexicaine coopère également avec les drones CIA pour traquer les labs de fentanyl. Pourtant, face au CJNG, accuser frontalement le groupe risquerait d’attiser les violences. Sa condamnation vise à réaffirmer la souveraineté, mais elle expose aussi les limites : comment contrer un ennemi qui se fond dans la foule ?

Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.
















