Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), dans le contexte de l’affaire Philippine pointe du doigt ce qu’il considère comme des failles graves dans le système judiciaire et migratoire français. Lors de plusieurs interventions publiques et d’une interview tendue avec la journaliste Anne-Sophie Lapix, Jordan Bardella a livré un réquisitoire acerbe contre l’État et la justice en accusant les autorités d’avoir permis qu’un tel drame se produise.
Jordan Bardella et son interview explosif avec Anne-Sophie Lapix
Anne-Sophie Lapix reçoit Jordan Bardella dans le contexte du meurtre de Philippine. Le principal suspect dans l’affaire du meurtre de Philippine, un individu d’origine marocaine, a été arrêté en Suisse.
Un détail particulièrement alarmant aux yeux de Jordan Bardella face à Anne-Sophie Lapix : le suspect était sous le coup d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) depuis plusieurs mois et avait été libéré en septembre.
Pour Jordan Bardella, ce fait est symptomatique de ce qu’il décrit comme une « justice irresponsable » et une gestion laxiste des dossiers d’expulsion.
« Comment est-il possible que cet individu, qui devait être expulsé, ait pu rester sur le sol français et commettre cet acte atroce ? », s’interroge le leader du RN face à Anne-Sophie Lapix. Il rappelle que le Maroc avait accepté de reprendre le suspect.
« L’État a failli », a-t-il martelé, ajoutant que ce manque de fermeté de la part des autorités est à l’origine d’une insécurité grandissante.
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La question de la double peine : prison et expulsion
Dans sa critique de la gestion des étrangers en situation irrégulière, Jordan Bardella plaide pour le rétablissement de la « double peine », une mesure supprimée en 2003 qui permettait de cumuler une peine de prison et une expulsion pour les étrangers coupables de crimes ou de délits graves.
Cette proposition vise à garantir que des situations similaires à celle du meurtrier présumé de Philippine ne se reproduisent plus. « Il est impensable que des criminels étrangers puissent rester en France après avoir purgé leur peine », affirme Jordan Bardella.
Selon lui, l’actuelle politique migratoire, trop indulgente à ses yeux, contribue à un climat d’insécurité qui menace directement les citoyens. Le RN, fidèle à sa ligne dure en matière de sécurité, réclame des actions immédiates pour éviter de nouvelles tragédies.
Anne-Sophie Lapix et Jordan Bardella dans un échange houleux
L’interview de Jordan Bardella par Anne-Sophie Lapix a été marquée par un échange particulièrement tendu lorsque la journaliste a évoqué le coût des expulsions, évalué à environ 13 800 euros par personne en moyenne.
Anne-Sophie Lapix a soulevé la question du financement d’un tel programme tout en pointant les contraintes budgétaires auxquelles la France fait face. La réponse de Jordan Bardella a été cinglante : « Quel est le coût de la vie de Philippine ? », a-t-il rétorqué, la discussion devient un débat moral.
Anne-Sophie Lapix, visiblement désireuse de ramener la conversation sur le terrain économique, a répliqué que la vie de Philippine est « inestimable » aux yeux de tous, mais a insisté sur la nécessité de trouver des solutions réalistes et budgétairement viables pour améliorer la sécurité du pays.
L’inaction de l’État et l’insécurité : des critiques récurrentes
Tout au long de son intervention, Jordan Bardella n’a cessé de dénoncer ce qu’il perçoit comme l’inaction de l’État face à l’insécurité croissante.
Pour lui, les dirigeants politiques, toutes couleurs confondues, ont échoué à protéger les citoyens en ne prenant pas les mesures nécessaires pour renforcer la justice et la politique migratoire.
« Nous voyons de plus en plus de crimes, d’agressions, et que fait l’État ? Il reste passif », a-t-il déclaré, imputant une grande partie de la responsabilité à un système judiciaire qu’il juge trop indulgent.
Selon Jordan Bardella, la mort de Philippine est un symbole des « failles » du système et un rappel douloureux que la France doit revoir en profondeur sa manière de gérer la sécurité publique et les étrangers en situation irrégulière.
La gauche divisée, la droite réclame des mesures plus fermes
Cette affaire a également mis en lumière les divisions au sein du paysage politique français. Tandis que la gauche se montre divisée sur les mesures à adopter pour résoudre la crise de la sécurité et de la migration, la droite, emmenée par le Rassemblement national, prône des actions beaucoup plus fermes.
Les propositions de Jordan Bardella pour rétablir la double peine et renforcer les procédures d’expulsion s’inscrivent dans une vision plus large d’une politique migratoire stricte.
Pour le RN, il s’agit d’un impératif de sécurité nationale. « Si l’État ne prend pas les mesures nécessaires, combien d’autres victimes devrons-nous encore pleurer ?« , questionne Jordan Bardella, en appelant à une refonte totale des dispositifs actuels.
Au-delà des débats sur la sécurité et la justice, l’interview de Jordan Bardella avec Anne-Sophie Lapix a également mis en lumière un désaccord fondamental sur les coûts des politiques d’expulsion.
Pour la journaliste, il est indispensable de prendre en compte le coût financier de ces mesures, particulièrement dans un contexte de restrictions budgétaires.
Pour Jordan Bardella, le débat financier ne devrait pas occulter la question de la sécurité publique. « La priorité de l’État devrait être de protéger ses citoyens, peu importe le coût », affirme-t-il.
Ce désaccord reflète une fracture idéologique plus large entre une vision sécuritaire prônée par la droite et le RN, et une approche plus nuancée des coûts et des solutions de la part de la gauche et des centristes.
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Une affaire symptomatique des tensions politiques
Le meurtre de Philippine et les réactions qu’il a suscitées ne sont pas seulement un drame personnel, mais un symbole des tensions profondes qui traversent la société française.
Entre un Jordan Bardella qui réclame des actions fermes et un État accusé de passivité, le débat sur la sécurité et la migration est plus que jamais au cœur de l’actualité.
Les propositions du RN, notamment sur la double peine et les expulsions, continuent de diviser l’opinion publique, tandis que la gauche reste fracturée sur la meilleure manière de gérer ces défis.
Une chose est certaine : cette affaire a ravivé un débat qui ne semble pas prêt de s’éteindre, et la question de la sécurité nationale sera sans aucun doute un sujet central des prochaines échéances électorales.
Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.