Emmanuel Macron va-t-il faire usage de l’article 16 ? Hier, mercredi 4 décembre, c’était la chute du gouvernement de Michel Barnier. Une situation qui ouvre la voie à une période d’incertitude, notamment à l’approche du vote du budget 2025. Alors que les tractations politiques s’intensifient, le spectre de l’article 16 de la Constitution plane désormais sur la République. Emmanuel Macron fera-t-il recours à l’article 16 ?
Qu’est-ce que l’article 16 que pourrait utiliser Emmanuel Macron ?
L’article 16, dont peut faire usage Emmanuel Macron après le vote de la motion de censure contre Michel Barnier, inscrit dans la Constitution de 1958, confère des pouvoirs exceptionnels au président de la République en cas de crise grave.
Son application permet à l’exécutif d’assumer temporairement les prérogatives législatives et exécutives, mais dans un cadre strictement encadré.
Selon la Constitution, l’article 16 peut être déclenché si quatre conditions sont réunies : une menace grave et immédiate pour les institutions de la République, l’indépendance nationale, l’intégrité territoriale ou les engagements internationaux, combinée à une interruption du fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels.
Une fois activé par Emmanuel Macron, l’article 16 est limité dans le temps et soumis à une surveillance juridique stricte.
Dès le trentième jour, le Conseil constitutionnel peut être saisi pour vérifier si les conditions de son application sont toujours valables. Passé soixante jours, ce même Conseil peut agir de sa propre initiative pour réévaluer la situation.
Lire aussi :
Michel Barnier se fait huer lors de ses hommages à René Couanau
Emmanuel Macron aura-t-il le choix ?
Face à la possibilité d’une impasse politique sur le budget 2025, Emmanuel Macron pourrait envisager le recours à l’article 16. Une telle décision ne serait pas sans conséquences, tant sur le plan institutionnel qu’en termes d’image pour le président et la République.
Le recours à l’article 16 est extrêmement rare dans l’histoire française. Utilisé pour la dernière fois en 1961 par Charles de Gaulle, il reste associé à une centralisation du pouvoir qui peut soulever des inquiétudes démocratiques.
Dans un contexte où les blocages parlementaires menacent de paralyser le pays, certains observateurs jugent qu’une telle mesure pourrait être nécessaire pour éviter une crise institutionnelle prolongée.
De nombreuses réactions critiques le recours à l’article 16
L’idée d’un recours à l’article 16 par Emmanuel Macron suscite des réactions mitigées dans le paysage politique et parmi les citoyens.
Florian Philippot, ancien député européen et figure de l’opposition, a déclaré : « Les pleins pouvoirs pour Macron, Article 16 de la Constitution : oui, c’est une possibilité. » Une affirmation qui alimente les craintes d’un renforcement autoritaire du président.
Sur les réseaux sociaux, les internautes ne cachent pas leur scepticisme. Certains ironisent sur l’idée d’un « cadeau de Noël extraordinaire » si Emmanuel Macron venait à être destitué après l’utilisation de l’article 16.
D’autres notent que le Parlement, dans ce contexte précis, n’aurait probablement pas de légitimité pour contester cette mesure ou ses éventuelles conséquences. Des comparaisons ont également été faites avec dla Corée du Sud, où les mécanismes de contrôle et de destitution sont perçus comme plus accessibles.
En France, une procédure de destitution reste extrêmement complexe et juridiquement encadrée, ce qui limite les possibilités d’opposition une fois l’article 16 enclenché.
Article 16 et le budget 2025
Le point de cristallisation de cette crise demeure le vote du budget de l’année prochaine. Sans adoption avant le 31 décembre, la France se trouverait dans une situation délicate, avec des répercussions potentielles sur l’économie et la stabilité des institutions.
Un blocage prolongé du budget 2025 pourrait affecter les relations internationales de la France, notamment en matière d’investissements étrangers et d’engagements européens.
En recourant à l’article 16, Emmanuel Macron pourrait imposer un passage en force pour assurer la continuité budgétaire. Mais une telle démarche risquerait de creuser davantage le fossé entre l’exécutif et une partie de l’opinion publique.
Un précédent à manier avec précaution
Le précédent historique de l’article 16 invite à la prudence. Lorsque Charles de Gaulle l’a utilisé en 1961, le contexte était marqué par de graves tensions liées à la guerre d’Algérie.
Si l’efficacité de la mesure ne fait aucun doute, son usage a toujours été critiqué pour sa portée exceptionnelle et son potentiel à concentrer un pouvoir disproportionné dans les mains d’un seul homme.
Aujourd’hui, la situation est différente, mais les enseignements de l’histoire restent pertinents. Le recours à l’article 16 en 2024 pourrait déclencher des débats sur l’équilibre des pouvoirs et la nature démocratique du système français.
Voir également :
Michel Barnier recourt au 49.3au grand dame de l’opposition
Quelles perspectives pour les semaines à venir ?
Alors que le pays s’engage dans une période d’incertitude politique, tous les regards se tournent vers Emmanuel Macron. Sa capacité à gérer cette crise sans recourir à des mesures exceptionnelles sera déterminante pour préserver la confiance des citoyens et l’équilibre des institutions.
Dans l’immédiat, des consultations intensives sont attendues entre l’Élysée, les groupes parlementaires et les acteurs institutionnels pour trouver une issue au blocage. Le calendrier, quant à lui, reste serré : avec la date limite du 31 décembre qui se profile, chaque jour compte pour éviter un recours historique à l’article 16.
Alors que les spéculations vont bon train, une chose est sûre : cette crise est unique depuis Charles de Gaule, mais prévisible d’après de nombreux analystes après la nomination de Michel Barnier.
Pour de nombreux observateurs, ce dernier était peu susceptible de gérer la primature, alors que les élections législatives avaient été remportées par l’opposition.
4o
Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.