L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin annonce son adhésion officielle à La France insoumise (LFI) ce 2 novembre 2025. Il veut taxer plus lourdement les super-riches et les multinationales, un ralliement qui pourrait bien secouer la campagne présidentielle de 2027.
En bref
- Dominique de Villepin intègre LFI, c’est un virage radical pour l’ex-Premier ministre.
- « Il est normal dans ce contexte que les plus riches et les entreprises soient amenés à faire une contribution plus importante », assène-t-il sur BFM TV.
- Dominique de Villepin, c’est le parcours d’un diplomate gaulliste passé par l’UMP, l’indépendance et un bref mouvement humaniste.
- Enjeux pour 2027 : Un gaullisme « social » au sein de LFI ?
Dominique de Villepin, 71 ans, n’est pas n’importe quel transfuge politique. Poète, diplomate et homme d’État, il s’est forgé une réputation internationale en 2003 à l’ONU, où son discours contre l’invasion américaine de l’Irak avait galvanisé le monde et incarné un gaullisme souverainiste et indépendant.
Nommé Premier ministre par Jacques Chirac en 2005, il avait tenté de réformer la France avec le controversé Contrat Première Embauche (CPE), qui avait provoqué des émeutes étudiantes massives, avant d’être retiré sous la pression.
Marginalisé par Nicolas Sarkozy, qu’il détestait viscéralement, Dominique de Villepin quitte l’UMP en 2012 pour fonder République solidaire, un mouvement centriste et pro-européen qui ne décolle jamais vraiment.
En juin 2025, il tente un nouveau pari avec La France humaniste, un parti hybride qui mêle gaullisme social, critique acerbe d’Israël sur Gaza et appel à une « troisième voie » au-delà des extrêmes. Mais face à des sondages faméliques et un paysage politique verrouillé, Villepin rejoint LFI, le parti dirigé par Jean-Luc Mélenchon.
Mais au-delà du choc, ce rapprochement interroge : un ancien homme politique de la droite peut-il vraiment trouver sa voie à gauche, en occurrence LFI , ou s’agit-il d’un calcul opportuniste pour survivre politiquement ?
Dominique de Villepin à LFI : Qui est cette personnalité ?
Pour comprendre le choix de LFI de Dominique de Villepin, il faut plonger dans la trajectoire singulière de l’homme. Né en 1953 dans une famille d’aristocrates normands, il gravit les échelons de la haute administration : énarque, inspecteur des Finances, puis conseiller diplomatique de Chirac dès 1995.
Son ascension culmine en 2002 comme ministre des Affaires étrangères, où il défend farouchement la « grandeur » française contre l’hyperpuissance américaine.
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Premier ministre de 2005 à 2007, il gère la crise des banlieues et tente des réformes libérales, mais son mandat est écourté par l’élection de Sarkozy, avec qui il entretient une rivalité légendaire, qui culmine dans l’affaire Clearstream, un scandale d’espionnage qui l’a discrédité sans le couler définitivement.
Après 2007, Dominique de Villepin se reconvertit en consultant international et publie des essais poétiques et tout en critiquant ouvertement la politique israélienne à Gaza, ce qui le rapproche thématiquement de LFI.
Son mouvement La France humaniste, lancé en juin 2025, visait à fédérer une droite « décomplexée » et une gauche modérée autour d’idées comme la souveraineté alimentaire ou une diplomatie multilatérale. Mais avec seulement 2% d’intentions de vote en septembre, il choisit l’alliance avec LFI.
Ce n’est donc pas un saut dans le vide, mais une convergence sur des thèmes partagés : anti-atlantisme, justice sociale, Palestine, qui permet à Dominique de Villepin de « gaulliser » LFI tout en gagnant une tribune nationale.
Taxer les riches : cri de ralliement entre Dominique de Villepin et LFI
Au cœur de cette adhésion, la fameuse citation : « Il est normal dans ce contexte que les plus riches et les entreprises soient amenés à faire une contribution plus importante. » Prononcée le 2 novembre sur BFM, elle n’est pas anodine.
Elle s’inscrit dans le programme LFI de « révolution fiscale » : instauration d’un impôt sur les super-profits (jusqu’à 90% sur les gains exceptionnels des multinationales, relèvement de l’ISF pour les patrimoines supérieurs à 1,3 million d’euros, et une tranche à 90% pour les revenus au-delà de 400 000 euros annuels.
Dominique de Villepin, qui n’a jamais été un ultra-libéral, justifie cela par la « fracture française » : depuis la crise des Gilets jaunes en 2018, les inégalités ont explosé, avec les 1% les plus riches captant 20% des revenus nationaux selon l’INSEE.
Dans un pays où le budget 2026 prévoit 50 milliards d’euros de coupes sociales, Dominique de Villepin estimqe que les élites, qu’il connaît bien pour avoir siégé dans des conseils d’administration, doivent « payer leur écot » pour financer hôpitaux, écoles et transition verte.
Ce discours, rare chez un ancien haut fonctionnaire, aligne Villepin sur Mélenchon, qui le voit comme un atout pour crédibiliser LFI auprès des classes moyennes déçues par Macron. Mais il divise : la droite l’accuse de « trahison », tandis que les économistes libéraux prédisent une fuite des capitaux.
Un Front de Gauche en gestation pour 2027 ?
Mélenchon, 73 ans et personnage clé de la Nupes (alliance de gauche), accueille Dominique de Villepin comme un « frère d’armes gaulliste », il espère unifier l’opposition face à un Macron usé et une Le Pen qui trône en tête des sondages.
À LFI, les réactions sont mitigées : les « purs et durs » comme François Ruffin saluent le renfort intellectuel, mais craignent une « droitisation » sur l’Europe ou la défense. À droite, LR et Renaissance dénoncent un « opportunisme pathétique » et rappellent le passé sarkozyste de Dominique de Villepin.
Sur X (ex-Twitter), le hashtag #VillepinInsoumis explose avec 150 000 mentions en 24 heures. Pour 2027, ce duo improbable pourrait créer un « front humaniste-insoumis » : Dominique de Villepin apporte son charisme diplomatique et son réseau international, Mélenchon sa base militante.
Mais les fractures internes sur l’OTAN ou l’islamisme menacent l’édifice. Les législatives partielles de 2026 seront donc le premier test.

Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.
















