La France serait-elle complice de l’État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) ? Un document qui aurait été trouvé dans l’ordinateur du chef terroriste Abou Houzeifa le prouverait. Mais d’après le service de fact-checking de RFI, ce document serait un faux. Il s’agirait donc d’une infox.
Lien entre la France et l’État Islamique : une infox
D’après le service de fact-checking de RFI, le document trouvé dans l’ordinateur de Abou Houzeifa qui attesterait d’un lien entre la France et les terroristes de l’État Islamique serait une infox. L’examen attentif de cette lettre révèle de nombreuses incohérences historiques et factuelles.
D’abord, le document mentionne un « ministère des Armées » en 2014. Or, cette appellation n’a été utilisée qu’à partir de 2017; auparavant, c’était le ministère de la Défense. L’EIGS n’a été fondé qu’en 2015, alors que la lettre fait état d’une opération en avril 2012, bien avant l’existence de ce groupe terroriste.
La lettre évoque également des livraisons d’armes à air comprimé, ce qui semble peu crédible pour une organisation terroriste. Ces armes, souvent utilisées dans des parcs d’attractions et en vente libre, sont inadaptées pour des opérations militaires ou terroristes.
Cette mention renforce l’idée que le document a été fabriqué de toutes pièces.
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Erreurs d’orthographe et mise en page trompeuse
Outre les incohérences historiques, la lettre est truffée de fautes d’orthographe, ce qui nuit à sa crédibilité. Bien que la mise en page soit classique, ces erreurs et les incohérences présentes la trahissent comme une falsification grossière.
Les experts et les autorités françaises ont rapidement réfuté les allégations selon lesquelles la France serait de connivence avec l’État Islamique contenues dans ce faux document. La désinformation a trouvé un terrain fertile sur les réseaux sociaux, notamment X (anciennement Twitter) et Facebook.
De nombreux internautes, souvent sceptiques, ont exprimé leur doute sur l’authenticité du document. Plusieurs comptes, l’on pourtant relayé. Si Paris a très vite réfuté des liens avec l’État Islamique, Bamako du coté de Mali n’a pas encore réagi.
Une tentative de manipulation de l’opinion publique
Pour Paris, cette lettre qui établirait un lien entre la France avec les djihadistes de l’État Islamique s’inscrit dans une logique visant à manipuler l’opinion publique contre la France au Sahel.
Les incohérences historiques et factuelles du document, ainsi que sa faible crédibilité, montre bien les efforts déployés par certains pour ternir l’image de la France. Les autorités françaises et des experts en sécurité ont catégoriquement mis en doute ces accusations.
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Rester vigilant face aux informations des réseaux sociaux
A l’air des réseaux sociaux, rester vigilant face à la désinformation est ce qu’il faut faire. Chaque information doit être vérifiée et contextualiser afin de ne pas considérer des informations douteuses.
Il est important de rappeler que le document mettant en cause la connivence de Paris avec les groupes djihadistes n’est pas de Bamako. Cette dernière n’a pas réagi non plus.
Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.