C’est quoi « Les Ballets roses », cette affaire qui ébranla la France au milieu du XXe siècle ? En 1959, la France est secouée par une affaire de mœurs d’une ampleur inédite. Cette affaire impliquait des personnalités influentes et des jeunes filles mineures. Parmi les principaux accusés figure André Le Troquer, alors président de l’Assemblée nationale. Ce scandale, baptisé « Les Ballets roses », deviendra l’un des plus célèbres de la Ve République, jetant une ombre sur le monde politique français.
« Les Ballets roses » : Révélations du journal Le Monde
L’affaire « Les Ballets roses » commence lorsque le journal Le Monde révèle l’arrestation d’un homme accusé de détournements de mineures. Rapidement, il est découvert que des soirées libertines se déroulaient dans divers lieux parisiens, dont le pavillon du Butard, avec la participation de jeunes filles âgées de 14 à 20 ans.
Ces soirées étaient orchestrées sous couvert de promesses d’une future carrière artistique pour ces adolescentes.
André Le Troquer, alors âgé de 74 ans et figure politique respectée, est cité parmi les participants réguliers à ces événements. Pour l’opinion publique, il s’agit d’un choc immense. Des personnalités haut placées, habituellement au-dessus de tout soupçon, se retrouvent impliquées dans ce réseau sordide.
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« Les Ballets roses » quand des adolescentes sont victimes de fausses promesses
Les jeunes filles invitées à ces fêtes étaient souvent attirées par des promesses de carrière dans le domaine des arts. À la tête de l’organisation de ces soirées se trouvait Pierre Sorlut, qui se faisait passer pour un policier afin de rassurer les parents des mineures.
Ces dernières consommaient de l’alcool et des substances comme la marijuana avant de participer à des spectacles érotiques, souvent mis en scène par Elisabeth Pinajeff, la compagne de d’André Le Troquer, qui orchestrait les chorégraphies.
Certaines mères, complices dans l’affaire, encourageaient leurs filles à participer, croyant à une opportunité de succès dans le monde du spectacle. D’autres voyaient même ces invitations comme un moyen d’obtenir des avantages sociaux auprès de personnalités influentes.
Le rôle d’André Le Troquer dans l’affaire « Les Ballets roses »
Bien que Le Troquer ait nié toute implication dans ces fêtes, l’enquête finit par démontrer sa participation active. Malgré les preuves accumulées, le président de l’Assemblée nationale se défend en évoquant son ignorance des détails des événements, mais cela ne convainc pas les enquêteurs ni le public.
Vingt-deux personnes, parmi lesquelles de hauts dignitaires et des personnalités connues, sont finalement accusées et jugées pour leur rôle dans l’affaire.
Pierre Sorlut, le principal organisateur, écope de cinq ans de prison, une peine réduite à quatre ans en appel. Quant à André Le Troquer, il est condamné à un an de prison avec sursis, la justice prenant en compte ses services rendus à la nation.
Ces peines sont largement jugées insuffisantes au vu de la gravité des faits.
Les répercussions politiques et sociales de l’affaire « Les Ballets roses »
L’affaire « Les Ballets roses » qui aurait pu devenir un véritable tremblement de terre politique est vite relégué au second plan par des événements d’actualité d’envergure, notamment la guerre d’Algérie.
Pourtant, les rumeurs autour des pratiques encore plus graves qui auraient eu lieu lors de ces soirées ne cessent d’alimenter les conversations.
Le lien supposé entre Pierre Sorlut et la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) donne naissance à des théories complotistes selon lesquelles cette affaire aurait été utilisée pour déstabiliser d’André Le Troquer et nuire à sa carrière politique.
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Une affaire ancrée dans l’imaginaire collectif
Bien que le scandale « Les Ballets roses » ait été éclipsé par l’actualité, son souvenir reste vif. En 2009, l’écrivain Benoît Duteurtre publie un livre qui revient en détail sur cette affaire et explore le rôle ambigu d’André Le Troquer.
Cet ouvrage relance les discussions sur l’affaire des Ballets roses tout en mettant en lumière le traitement complaisant des abus sexuels et le silence qui a longtemps entouré ces événements.
Pierre Sorlut, une fois libéré, tente de se refaire une vie en ouvrant un restaurant.Son passé continue de le hanter : son établissement est vandalisé peu après son ouverture, signe que le public n’a pas oublié son rôle dans cette sordide affaire.
Aujourd’hui, le terme « Ballets roses » est devenu synonyme de scandales sexuels qui impliquerait des mineures, et il continue d’inspirer des œuvres littéraires et des émissions. Malgré le temps écoulé, l’affaire reste un exemple marquant des abus de pouvoir et des dérives qui ont pu exister au plus haut niveau de la société française.
« Les Ballets roses » est aujourd’hui encore d’actualité avec les affaire telles que Epstein, Philippine ou encore Dutroux.
Fabien, 34 ans, né en Lorraine. Diplômé d’un Master Politiques Publiques à Sciences-Po. Traite l’actualité sociale au sens large. Je ne rate aucun débat politique depuis 2002.